La Mauritanie: Histoire d'un pays divisé

par Brian Kroneman


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     Qu'est-ce qui différencie la Francophonie du Sud de celle du Nord ou bien de l'Ouest, si on pense au Canada ? Sûrement la première chose qui vient à l'esprit est la location de tous les pays comprenant cette définition. Cette location se trouve, pour la plupart, en Afrique, comprenant toutes les anciennes colonies de l'Afrique française occidentale et de l'Afrique française équatoriale. Pourtant, il est important de dire que même parmi les peuples qui font partie de la francophonie, il y a une forte différence dans la façon dont ils utilisent la langue des anciens colonisateurs, surtout entre les pays d'Afrique du Nord, comme le Maroc, et les pays d'Afrique du Sud. En fait, l'Algérie, qui a plus de francophones que tous les autres pays sauf la France, n'est associée à aucun groupe ou organisation francophone. Alors, pour bien saisir la différence entre les deux parties, il faut regarder un pays qui a tous les éléments des deux parties, qui se trouve vraiment au milieu de cette distinction géographique, et qui vit ce conflit chaque jour. Bref, la Mauritanie. La Mauritanie, ou la République islamique de Mauritanie (son nom officiel), qui se trouve entre le Sénégal et le territoire de Sahara de l'Ouest en Afrique occidentale, est le meilleur exemple d'un pays tiraillé entre les traditions du Nord, comme un peuple blanc fort attachée à l'islam et par conséquent, à la langue arabe, et les traditions du Sud, comme un peuple noir musulman qui préfère sortir de sa pauvre existence en passant par l'usage du français.

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      Avant de parler des particularités du système mauritanien, il faut discuter les caractéristiques du peuple, qui est-il, quelle est leur histoire, comment il se hiérarchise, et comment il pratique la religion prédominante, bref, les caractéristiques démographiques. D'abord, la plupart du peuple mauritanien (66%) (Encyclopedia Britannica Online) se définit comme maure, mais il se définit encore par sa tribu. La première tribu a toujours joué le rôle de guerrier dans la société, se compose d'Arabes blancs, et s'appelle hassane. Deuxièmement, la tribu dotée de suprématie religieuse, surtout toutes les connaissances et toutes les lois islamiques, est appellée les marabouts, et ils se composent essentiellement de Berbères blancs (Thompson & Adloff, 44). Troisièmement, les zenagas sont très similaires aux marabouts dans leur composition ethnique car ils sont tous les deux Berbères blancs. Cependant, les personnages qui se trouvent dans cette tribu n'ont réussi ni à apprendre les connaissances religieuses ni à apprendre comment être un guerrier. En effet, ils sont des vassaux qui se consacrent au commerce et à l'élevage des bétails (T&A, 48). Enfin, la dernière tribu maure qu'il faut mentionner, et aussi celle qui se place toujours au dernier rang social, se compose uniquement de noirs. En outre, cette tribu, bien qu'elle soit de la même famille de tribus, a beaucoup souffert sous l'esclavage imposé par les propriétaires blancs et arabes (T&A, 49). En effet, toutes les autres tribus considéraient tous les noirs, et non seulement les esclaves, comme le peuple le plus bas sur l'échelle sociale.

      Ensuite, il faut parler du colonialisme français, parce qu'il a affecté tous les pays qu'il touchait depuis le début de cette ère. Dans le cas de la Mauritanie, elle a souffert comme toutes ses sœurs africaines anglophones et francophones. Pourtant, dans plusieurs domaines elle a connu une souffrance tout à fait unique. D'abord, au début du colonialisme, il n'y avait aucune raison pour les colonisateurs de s'y installer parce qu'il n'y avait aucune évidence que les ressources naturelles existaient dans ce territoire. De plus, la population était isolée, dispersée, et petite. Donc, à cause du manque de gens, et l'insignifiance apparente du territoire, il fallait attendre jusqu'à 1921 pour la France l'appelle une vraie colonie (T&A, 34). Pourtant, même si elle a gagné un statut unique aux yeux des Français, ils ne voyaient le territoire que comme une barrière pour le Sénégal et comme une connexion entre le Maroc et le Sénégal. En outre, parce que le Nord du pays était très vaste et vide, sans beaucoup de valeur économique, tandis que le sud de la colonie était très riche en agriculture, le territoire était gouverné en deux parties distinctes. Plus précisément, le sud est devenu pratiquement un appendice du Sénégal. Même lorsque la Mauritanie a vraiment gagné un statut quand la France a donné aux colonisés le droit de citoyenneté et le droit de vote, à cause du manque des gens dans le territoire, le pays était associé avec le Sénégal dans le choix d'un député collectif, et subjugué à lui parce qu'il avait beaucoup plus d'électeurs que la Mauritanie (T&A, 38).

      Pourtant, dans les années coloniales le changement le plus important et celui qui avait l'influence la plus étendue dans la vie des Mauritaniens centre sur le système d'éducation. Avant l'invasion des Français, il y avait trois écoles supérieures qui était très prestigieuses où les étudiants allaient étudier la théologie et le droit islamique (T&A, 46). Cependant, dès leur arrivée en Mauritanie, les Français ont mis en place un système d'éducation occidentale pour transmettre la culture du colonisateur, et par conséquent, les écoles islamiques commençaient à recevoir moins d'étudiants parce que tous les étudiants voulaient réussir dans le monde colonial où on devait travailler avec les Français en français. De plus, à cause de l'administration française et ses vues sur la justice et la loi, le droit islamique (la sharia) était renoncé de plus en plus en faveur du droit occidentale, et donc, il semblait que les écoles islamiques devenaient de moins en moins importantes.

      Toutefois, tout le monde n'a pas regardé les écoles françaises comme une invasion de la culture et des traditions. En fait, dans le sud, où habitaient les noirs et les Sénégalais, les élites considéraient que le système français leur offrait un moyen d'échapper à l'infériorité apparente dans la société et de construire une vie importante et puissante. Donc, tandis que pratiquement tous les Arabes interdisaient à leurs enfants d'aller à l'école française, parce qu'ils avaient peur que les enfants perdent tout l'arabisme important pour la survie de leur culture, les Noirs avaient un très grand enthousiasme à envoyer leurs enfants à l'école. Par conséquent, après quelques années, on voyait dans la bureaucratie un nombre de Noirs disproportionnés par rapport aux Arabes. En effet, les Noirs jouissaient d'un monopole (ou presque) des positions dans l'administration (Le Monde diplomatique, février 1997).

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     Finalement, pour tous les Mauritaniens, c'est la religion musulmane qui, au bout du compte, unifie le peuple. Pourtant, même dans ce domaine, il n'y a pas autant d'unité qu'on pense chez les Mauritaniens, à cause d'un conflit qui affecte toutes les religions du monde, celui de l'orthodoxie contre le libéralisme. Pendant les années quarante, un mouvement social et religieux qui prônait l'égalité et l'abrégement des rituels a gagné beaucoup de croyants, surtout des noirs dans le Sud, qui ont souffert sous le joug d'esclavage (T&A, 45). Ce mouvement spécifique, quoiqu'il ait disparu il y a longtemps, dure toujours dans un sens parce que les croyants dans le Sud pratiquent aujourd'hui un islam assez libéral. Pourtant, les Arabes dans le Nord, isolés de pratiquement toutes les influences étrangères, pratiquent une religion très orthodoxe, qui n'a pas beaucoup changé depuis l'introduction d'islam en Mauritanie.

      Alors, après tout, on voit un fort clivage entre le Nord et le Sud, composé d'une différence religieuse, une différence de langue, une différence de statut social, et enfin une différence de la culture même. Comment diriger un pays avec de telles divisions sans apparaître trop partial ? Et enfin, le point essentiel de cette discussion, comment régler l'usage de la langue française, où il semble qu'une moitié de la population veut qu'elle disparaisse ? Avant de répondre à ces questions, il faut faire quelques remarques sur les leaders politiques mauritaniens.

      Pour les dirigeants du pays, la réponse de la question de comment diriger un tel pays remonte à la religion encore une fois. Bien qu'il y ait une division orthodoxe-libérale, la religion unifie le peuple. Les marabouts sont très respectés par tout le monde, orthodoxe et libérale, parce qu'ils sont des "mines de connaissances et lois islamiques" (T & A, 44) qui leur donnent un certain prestige que n'a aucun autre groupe. De plus, à cause du fait que les marabouts étaient les plus éduqués et les plus raffinés du pays, "ils comprenaient la base du gouvernement français rapidement et s'y habituaient facilement" (T & A, 44) pendant l'ère de colonialisme. Donc, au moment où les Français ont cédé le territoire aux indigènes, il était naturel que les marabouts jouent les rôles dominants dans le gouvernement. Et en effet, depuis l'indépendance mauritanienne, tous les présidents ou chefs de gouvernement venaient de la tribu des élites religieuses (Le Monde diplomatique, février 1997)

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     Ensuite, avant de discuter le rôle du français dans l'état, il faut dire quelques mots sur le statut de l'arabe en Mauritanie, car aujourd'hui il est le facteur le plus important pour la santé du français mauritanien. Tout d'abord, en 1966, quatre ans après l'indépendance mauritanienne, le gouvernement (sous la direction d'un marabout) a désigné l'arabe comme langue officielle du gouvernement. Cette distinction était importante parce qu'elle marquait la culmination de la partie la plus importante du projet maure pour "l'extension de l'arabe" (Le Monde diplomatique, février 1997). Ce projet linguistique, qui vit encore dans l'esprit arabe, a pour but d'installer l'arabe comme unique langue officielle, et la seule langue d'enseignement pour que la vraie culture mauritanienne, selon eux, puisse fleurir.

      Donc, pour mieux examiner la mesure où les Maures ont réussi, il faut inspecter les écoles qui ont ouvert depuis l'indépendance, et le système d'éducation en entier. D'abord, selon l'Institut pédagogique national (IPN) de Nouakchott, "qui se charge de concevoir, fabriquer et diffuser les cours et les documents pédagogiques pour l'ensemble de la République Islamique de Mauritanie", les premiers cours dans le domaine linguistique qu'il a développé pour l'usage national sont ceux de l'arabe de l'enseignement (L'IPN Home Page). Ce qui veut dire que les organes nationaux reconnaissent l'importance de former les bons instituteurs pour que les enfants apprennent bien la langue. Ensuite, examinant les écoles supérieures à Nouakchott, le siège du gouvernement qui compte "près de 800 000 habitants, soit le tiers du pays", il est apparent que le gouvernement a pris des pas dans la bonne voie. L'Ecole nationale d'administration (l'ENA), qui forme tous les bureaucrates, et l'Ecole nationale des instituteurs (L'ENI), qui forme tous les professeurs, donnent une formation bilingue en français et en arabe, qui signifie que le gouvernement veut diversifier la bureaucratie et fortifier l'usage de l'arabe dans le système scolaire. En plus, il y a une école nommé l'Institut supérieur d'Etudes et de Recherches Islamiques(ISERI) qui enseigne uniquement en arabe, et qui est chargé de mener l'effort intellectuel de la consolidation de la culture. Enfin, dans le domaine des écoles publiques primaires et secondaires, le nombre des institutions enseignant uniquement en français contre ceux qui enseignent en arabe est égal (http://www.refer.org/mtani_ct/edu). Cette statistique joue un rôle important parce qu'il faut rappeler qu'en 1962, au moment de l'indépendance, toutes les écoles primaires et secondaires enseignaient uniquement en français.

      Pourtant, le français n'a pas encore cédé sa place primordiale dans la vie mauritanienne. En fait, bien que l'arabe se soit fortifiée pendant les quatre dernières décennies, le français en Mauritanie s'est pratiquement débarrassé de tous les mauvais sentiments associés avec le colonialisme, et commence maintenant à refleurir. Par conséquent, la Mauritanie s'approche peu à peu des associations francophones, et donc, est en train de s'ouvrir au monde entier.

      Pour commencer cette étude du français, il faut rentrer dans l'ère d'indépendance, et le statut qu'il a reçu après que les colonisateurs sont partis. En effet, depuis 1962, l'année de l'indépendance mauritanienne, le français est la langue officielle du gouvernement. Regardant la date d'officialisation de la langue arabe, il faut noter que pendant quatre ans, le français était la seule langue officielle. On doit ce statut, essentiellement, au très grand nombre de noirs dans l'administration. Tous ces noirs, comme ses voisins vers le sud, les Sénégalais, ont eu une formation uniquement en français, et pensaient au français dans la même manière que Léopold Senghor a exprimé en 1962, c'est-à-dire comme "un merveilleux outil pour le développement d'une civilisation de l'universel" Bref, au lieu de désirer une expansion de l'arabe, ils préféraient maintenir le statut du français, et développer ce que Senghor a appelé la "négritude" (Le Monde diplomatique, février 1997).

      Toutefois, pour déterminer le vrai statut du français dans la vie mauritanienne, il faut examiner les organes utilisés chaque jour comme les écoles et les média. Premièrement, en étudiant les écoles à Nouakchott, on ne peut que remarquer que le français jouit d'un avantage immense sur l'arabe, même après quatre décennies de progrès pour l'arabe. D'abord, toutes les écoles maternelles, qui sont privées, enseignent uniquement en français sauf une, qui offre une éducation bilingue. Cette proportion continue quand on regarde les écoles primaires privées à Nouakchott. Excluant une école américaine, toutes les écoles offrent au moins une éducation franco-arabe, et cinq sur douze n'offrent qu'une éducation en français (http://www.refer.org/mtani_ct/edu). Toutes ces statistiques révèlent que les écoles privées, où on reçoit la meilleure éducation, et où on trouve la plupart des futures élites, utilisent uniquement, ou presque, le français. Et donc, cette formation sert à assurer que l'élite parleront le français pour des générations. Enfin, bien que des élites maures expriment leur désir de voir la langue arabe parlée partout, la plupart d'entre elles envoient leurs enfants, lorsqu'ils reçoivent le bac, en Suisse, en Belgique ou dans des autres pays francophones du Nord parce qu'ils reconnaissent que l'éducation universitaire française est beaucoup mieux que celle de la Mauritanie.

      Enfin, peut-être la manière la plus efficace dont on apprend la langue et la culture contemporaines est soit la télévision, soit la radio, soit les journaux. Bref, les médias. Et dans ce domaine, on trouve que le français a encore une très forte influence, et même, le soutien complet du gouvernement. En télévision, la seule chaîne nationale s'appelle TVM, et elle diffuse uniquement en français. De même pour la radio, nommé Radio-Mauritanie. Et enfin, quand on marche dans la rue, et on s'arrête devant un kiosque à journaux, on trouve à peu près 10 hebdomadaires et quotidiens. La majorité d'entre eux (six sur dix) publie uniquement en français, y compris les journaux officiels du gouvernement, et deux autres publient une édition française (http://www.refer.org/mtani_ct/edu). Tout cela signifie que beaucoup d'information que le public mauritanien reçoit chaque jour est transmise en français, qui sert à fortifier l'existence de la langue dans l'état.

      La Mauritanie, après 37 ans d'indépendance, cherche encore son identité. Son titre officiel suggère une République islamique, et les chefs du gouvernement essaient de joue ce rôle en mettant l'accent sur l'usage de l'arabe partout. Pourtant, à cause de la population importante des noirs parlant français et leur position dans l'administration, les leaders arabes ne peuvent pas nier l'existence du français, au moins qu'ils incitent des émeutes brutales dans le pays. Donc, il faut choisir la voie dans le milieu, une voie qui se définit comme le lien entre l'Afrique blanche, parlant arabe, et l'Afrique noire, parlant français. Ce n'est pas désavantageux pour la Mauritanie, et en fait s'ils réussissent à équilibrer les deux langues, ils peuvent gagner beaucoup dans l'avenir, et garantir leur sécurité et statut unique dans le monde.
 

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Bibliographie


 








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Kwofie, Emmanuel N.; Teaching a Foreign Language to the West African student; Edmonton, Alberta; 1978

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Thiriet, A.; L'Enseignement du français en Afrique, Vol. XVII; Centre de linguistique appliquée de Dakar, Dakar

Thompson, Virginia and Adloff, Richard; The Western Saharans; Barnes and Noble Books, Totowa, New Jersey; 1980

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http://www.sil.org/ethnologue/countries/Maur.html

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